Chef(s) de projet: Palmer Netongo
Problème
Malgré l’intensification des efforts de lutte contre le paludisme, environ 438 000 personnes sont mortes de cette maladie en 2015, 90 % des décès survenant en Afrique subsaharienne. À l’échelle planétaire, le nombre de nouveaux épisodes de paludisme clinique a été estimé à environ 214 millions en 2015.
Il est essentiel de suivi les cas reconnus et de s’attaquer au bassin parasitique que représentent les personnes « asymptomatiques » si l’on veut éliminer le paludisme dans les zones où la maladie est endémique.
La surveillance est particulièrement difficile parce que le diagnostic repose actuellement sur l’identification des parasites du paludisme par microscopie et la détection des antigènes parasitaires solubles en utilisant des tests de diagnostic rapide (TDR). Ces techniques ne permettent pas de détecter les infections paludiques subcliniques de faible niveau, et sont elles-mêmes dangereuses et invasives.
Solution
Ce projet visait à élaborer une méthode moléculaire maison, non invasive, thermostable, utilisant la salive, adaptable sur le terrain pour la surveillance nationale du paludisme au Cameroun et au Sénégal.
L’approche a consisté à élaborer une méthode de collecte et de stabilisation d’ADN de plasmodium à partir de la salive, doublée d’une méthode moléculaire de détection des parasites par amplification isothermique en boucle de l’ADN (LAMP), qui sont à la portée des laboratoires aux ressources limitées.
Le test LAMP maison avec de la salive a été comparé à la méthode ACP classique avec de la salive prélevée à l’aide de trousses commerciales produites par DNA Genotek Inc, du Canada. La sensibilité de la détection de l’ADN du parasite du paludisme dans la salive a aussi été comparée à celle du sang à l’aide de la méthode moléculaire standard et 624 échantillons de sang et de salive.
Résultat
L’équipe a démontré avec succès qu’il est possible de détecter le paludisme subclinique (parasites ne pouvant être détectés au microscope) dans la salive en utilisant une technologie LAMP maison, avec des résultats comparables à ceux des trousses moléculaires disponibles sur le marché.
Parmi les 624 participants examinés au Cameroun, le test ACP sur la salive recueillie avec la trousse Genotek a permis de détecter 33 des 44 infections inframicroscopiques détectées par le test APC sanguin. Ceci représente 75 % de toutes les infections inframicroscopiques.
La comparaison du test LAMP maison (ou adapté sur le terrain) fait sur des échantillons de salive et du test ACP standard fait sur de la salive a révélé une concordance à 69 %, contre un taux attendu de 60,2 %.
La sensibilité du test était de 70,3 %, avec une valeur prédictive positive de 90,8 % et une spécificité de 62,5%, avec une valeur prédictive négative de 28,5 %.
L’équipe du projet a également interrogé 764 patients sur l’utilisation de la salive dans les tests de paludisme et constaté que 98 % d’entre eux préféraient cette méthode au prélèvement d’un échantillon de sang.
Les résultats de la recherche ont été présentés dans un document de politique, et les membres de l’équipe ont également assisté à la conférence de l’International Network of Research Management Societies (INORMS) à Melbourne, en Australie, et au 8e Forum du Partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques (EDCTP) à Lusaka, en Zambie.