Les débuts de Be Girl

En 2013, lors d’un séjour en Ouganda, Diana Sierra a rencontré des jeunes filles contraintes de s’absenter de l’école, faute de pouvoir se procurer des produits menstruels. Designer industrielle de formation, elle a été profondément touchée par cette injustice et motivée à y remédier. C’est ainsi qu’est née Be Girl : une entreprise sociale audacieuse qui, aujourd’hui, révolutionne l’approche de la santé menstruelle en Afrique.
Désormais, grâce à un investissement catalyseur de 500 000 $ US octroyé par Grands Défis Canada (GCC), Be Girl entame une nouvelle phase de croissance. Cette impulsion permettra d’élargir l’accès à ses produits novateurs et à ses programmes éducatifs qui changent des vies dans plusieurs pays africains.
Repenser les produits et l’éducation menstruels
Au cœur de la mission de Be Girl se trouve une conviction simple, mais puissante : chaque fille mérite de vivre avec dignité, confiance et possibilités, peu importe son lieu de résidence ou sa situation économique. L’entreprise conçoit et distribue des produits menstruels réutilisables de haute qualité, comme sa culotte menstruelle PeriodPanty : un modèle breveté 2-en-1 capable de transformer tout matériau absorbant propre en solution hygiénique sûre et durable. Mais Be Girl est bien plus qu’un fabricant de produits. Ses innovations sont souvent accompagnées de l’outil pédagogique SmartCycle, conçu pour être à la fois accessible et percutant. Ensemble, ces solutions permettent aux filles vivant dans des contextes à revenu faible ou intermédiaire de mieux gérer leurs menstruations, là où les options sont souvent limitées, voire inexistantes. Be Girl est également une organisation éducative. Grâce à ses programmes de formation des formateurs (Train-the-Trainer, ou TOT) et ses partenariats avec les systèmes éducatifs nationaux, elle outille des éducateurs, des mentors auprès des jeunes et même des gouvernements pour offrir une éducation menstruelle complète, brisant ainsi le silence et les tabous qui entourent les règles.

S’adapter pour mieux agir
Le parcours de Be Girl n’a pas été sans embûches. En 2021, l’entreprise a testé un modèle de vente directe au Mozambique. Mais entre les coûts élevés au détail, le pouvoir d’achat limité et la stigmatisation sociale, cette approche s’est révélée insoutenable. Loin de se décourager, l’équipe a réorienté sa stratégie vers un modèle B2I (business-to-institution), en collaborant directement avec des gouvernements, des agences des Nations unies et des ONG pour distribuer ses produits et offrir des programmes d’éducation à grande échelle.
Les résultats parlent d’eux-mêmes. En Angola, le partenariat avec le ministère de l’Éducation et le FNUAP a mené à un contrat de 2,3 millions de dollars pour offrir une éducation menstruelle à 200 000 filles. Au Mozambique, Be Girl a contribué au lancement du premier programme national d’éducation menstruelle, atteignant 250 000 adolescents par l’initiative DREAMS.
À ce jour, Be Girl a vendu plus d’un million de produits et offert ses programmes éducatifs à 530 000 jeunes. L’organisation vise autant les filles que les garçons afin de promouvoir la littératie menstruelle et de déconstruire les stigmas. D’ici 2030, elle ambitionne de toucher 1,2 million de jeunes à travers le monde.

Le rôle catalyseur de Grands Défis Canada

Grands Défis Canada est un partenaire de longue date dans l’aventure de Be Girl. En 2018, Grands Défis Canada avait déjà accordé une subvention de démarrage allant jusqu’à 800 000 $ CA pour soutenir le lancement au Mozambique et élargir l’équipe. En mai 2025, Grands Défis Canada a investi 450 000 $ US via un financement participatif (SAFE), complété par 50 000 $ US en soutien technique.
Ce nouvel apport financier permettra de recruter stratégiquement dans les équipes des ventes, des opérations et des finances, tout en soutenant le développement d’une plateforme éducative numérique multilingue et le lancement d’un projet pilote au Zimbabwe.
« Be Girl est un exemple éloquent de la façon dont le design intelligent, un leadership audacieux et des partenariats stratégiques peuvent transformer des vies », affirme Brishan Rowjee, responsable des investissements en actions chez Grands Défis Canada. « Nous sommes fiers d’accompagner cette nouvelle étape. » À ce titre, M. Rowjee siégera désormais au conseil d’administration de Be Girl, assurant un appui actif de Grands Défis Canada dans sa trajectoire de croissance et d’impact.
Leeat Gellis, directrice de la finance sociale chez Grands Défis Canada, souligne l’importance du partenariat : « Nous avons eu le privilège de soutenir Be Girl dès 2018 et nous sommes enthousiastes de rejoindre un groupe impressionnant d’investisseurs d’impact qui croient en sa mission, dont The Case for Her, la Draper Richards Kaplan Foundation (DRK) et Impact Assets. C’est inspirant de voir comment cette idée audacieuse s’est transformée en une entreprise sociale reconnue, qui améliore la vie de centaines de milliers de filles et de femmes au Mozambique, en Angola, au Ghana et ailleurs. Cette nouvelle phase reflète toute la puissance d’une vision partagée. »
Imaginer un avenir plus radieux
La mission de Be Girl dépasse largement le simple enjeu menstruel. En fournissant aux jeunes – filles et garçons – les connaissances et les outils pour comprendre la santé menstruelle, remettre en question les tabous et rester engagés dans leurs études, l’entreprise participe à l’émergence d’une génération confiante, éduquée et maître de son avenir.
Comme le dit si bien Sierra: « Notre travail dépasse le produit lui-même; il s’agit de donner aux filles du pouvoir, une voix et des possibilités. Point final. »
Avec le soutien continu de partenaires engagés comme Grands Défis Canada, Be Girl est en bonne voie de concrétiser cette vision : une fille, une classe, un pays à la fois. .
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