Par Yaser Kerachian – Gestionnaire principal de portefeuille, Développement des affaires
Mon récent voyage en Afrique, qui comprenait le 4e Forum des bailleurs de fonds pour la recherche et l’innovation en santé en Afrique (AHRIFF) au Cap, une visite de site du projet m-mama de Touch Health, et la réunion de stratégie et de coordination du Réseau Grand Défis en Tanzanie, a apporté des leçons précieuses sur l’innovation en santé et la collaboration. Voici les principaux enseignements de chaque événement, mettant en lumière ce que nous avons appris et comment cela peut être appliqué à l’avenir.
Principaux enseignements du Forum des bailleurs de fonds pour la recherche et l’innovation en santé en Afrique (AHRIFF)
L’AHRIFF, qui s’est tenu au Cap, a réuni des parties prenantes du monde entier pour aborder les défis de santé urgents en Afrique. Organisé par le Conseil de la recherche médicale d’Afrique du Sud (SAMRC), le forum a aligné les bailleurs de fonds, les gouvernements et les agences de développement dans l’avancement de programmes de santé couvrant des sujets essentiels, du développement du financement en Afrique à la durabilité des programmes de santé.
Trois enseignements clés :
- Le financement doit s’aligner sur les priorités définies localement en Afrique
Un point clé à retenir du Forum des bailleurs de fonds en Afrique est l’importance d’aligner les efforts de financement sur les priorités définies par les pays africains eux-mêmes, plutôt que d’imposer des perceptions externes des défis du continent. Ces priorités doivent être définies localement et s’appuyer souvent sur des programmes existants déjà mis en place par les gouvernements ou les organisations africains. Il est essentiel que les bailleurs de fonds veillent à compléter ces efforts plutôt qu’à les dupliquer. - Renforcer la capacité de l’Afrique est essentiel pour un avenir résilient
Il est crucial de donner la priorité au financement du renforcement des capacités en Afrique, à la fois en investissant dans le capital humain et en renforçant les infrastructures. Il existe déjà des programmes bien établis qui forment des chercheur·euse·s et des professionnel·le·s de l’industrie, que les bailleurs de fonds et les parties prenantes devraient utiliser à leur avantage. Sur le plan des infrastructures, il a été beaucoup question de renforcer le secteur manufacturier africain pour réduire la dépendance vis-à-vis des autres nations, en particulier celles du Nord global. Cela permettrait au continent d’être mieux préparé pour faire face aux défis futurs, y compris les pandémies. - Assurer un impact à long terme est primordial
La durabilité a également été un thème clé tout au long de la réunion. Les bailleurs de fonds doivent s’assurer que les projets qu’ils soutiennent deviennent durables à long terme afin que leurs investissements produisent un impact durable. Bien qu’il y ait eu des investissements significatifs dans le développement de médicaments et de vaccins en Afrique, il est essentiel que ces efforts s’accompagnent de stratégies assurant leur viabilité à long terme. Les bailleurs de fonds doivent envisager des plans de durabilité et soutenir activement leurs bénéficiaires dans la réalisation de ces objectifs.
Principaux enseignements de la visite du site m-mama en Tanzanie
Lors d’une visite du projet m-mama à Dar es Salaam avec Karlee Silver, Présidente-directrice générale, de Grand Défis Canada (GCC), et Adetunji Eleso, Directeur de la mise à l’échelle et de la durabilité, nous avons découvert comment ce système technologique a transformé le transport d’urgence pour les femmes enceintes dans les zones rurales. Développé par Touch Health et soutenu par un investissement de 2,95 millions CAD de GCC, m-mama améliore l’accès aux services de santé critiques en créant une sorte de service de covoiturage pour les urgences. Chaque année, m-mama transporte environ 50 000 femmes et nouveau-né·e·s, contribuant à une réduction de 40 % des décès néonatals.
Le gouvernement tanzanien a joué un rôle crucial dans le succès de ce projet. Alors que la technologie est fournie par Touch Health, le gouvernement a pris en charge les centres d’appel et d’autres coûts opérationnels, garantissant ainsi la durabilité du projet.
Trois enseignements clés :
- Les bailleurs de fonds peuvent jouer un rôle clé dans la mise à l’échelle de l’innovation
Le système de transport d’urgence m-mama montre comment des solutions qui responsabilisent les communautés locales peuvent être mises à l’échelle pour répondre aux défis de santé dans d’autres régions. Ayant réussi à se développer en Tanzanie et au Lesotho, le programme cherche maintenant à s’étendre à de nouveaux pays. Les bailleurs de fonds et les partenaires sont essentiels dans ce processus, car ils ont généralement des relations établies dans plusieurs pays. - La technologie comme moteur de l’équité en santé
m-mama propose une ligne téléphonique gratuite accessible à toute personne à travers la Tanzanie. Les appels sont acheminés vers un réseau national de centres d’appel opérés par le gouvernement, où ils évaluent l’état du patient. En fonction de l’urgence, le·la conducteur·trice disponible le·la plus proche est envoyé·e pour transporter rapidement la femme vers le centre de santé le plus proche, équipé pour fournir les soins nécessaires. - Les partenariats sont essentiels pour un succès à long terme
Le succès de m-mama repose sur de solides partenariats, notamment le soutien de Grand Défis Canada (GCC), USAID, la Fondation Vodafone et d’autres partenaires. Nous avons également appris l’importance d’un financement flexible qui responsabilise les innovateur·trice·s et se concentre sur l’impact. Cela souligne l’importance de collaborations durables entre innovateur·trice·s, bailleurs de fonds et parties prenantes locales pour garantir la pérennité des programmes de santé à fort impact.
Réunion de stratégie du Réseau Grand Défis et des partenaires
À Dar es Salaam, j’ai participé à la réunion de stratégie et de coordination du Réseau des partenaires de Grand Défis avec Karlee Silver, Adetunji Eleso et Johanna Sanchez, Gestionnaire principale de programme, Changement climatique et santé. Cette réunion nous a permis de réfléchir aux réalisations, d’explorer la mise à l’échelle des innovations et de discuter des priorités émergentes, telles que le climat et la santé. Adetunji a dirigé une session sur « Catalyser la mise à l’échelle par le secteur public », présentant le dispositif de réanimation infantile augmentée (AIR) du Dr Data Santorino, qui permet de fournir des retours d’information en temps réel aux soignant·e·s pendant la ventilation. Johanna a présenté le plan de GCC pour le Grand Défi Climat et Santé, bien accueilli, et le groupe de travail continuera de se réunir régulièrement pour faire progresser leurs efforts.
Ces enseignements tirés de nos réunions en Afrique soulignent le rôle crucial de la collaboration et de l’innovation dans la résolution des défis de santé. En alignant les stratégies sur les besoins locaux et en favorisant des partenariats solides, nous pouvons améliorer l’impact des programmes de santé et garantir des améliorations durables de l’accès aux soins de santé pour les communautés mal desservies. Il est essentiel de continuer à partager les connaissances et les expériences pour provoquer un changement significatif en matière de santé mondiale.