Auteur invité

Le Dr Bryn Sobott a terminé son doctorat en physique expérimentale des particules en 2010 et a été choisi en vue de recevoir la Médaille Bragg pour la meilleure thèse présentée à l’Université de Melbourne. Il a conçu et exécuté avec succès des expériences au SSRL (Stanford), au SLS (Zurich), au Max-Lab (Lund) et au Synchrotron australien (Melbourne). Son projet FREO2 a reçu un financement de démarrage du défi Sauver des vies à la naissance en 2013.


Il y a cinq ans, quand je pensais aux médicaments sauvant des vies, j’imaginais de vastes entreprises de biotechnologie avec des chaînes de production de plusieurs millions de dollars produisant des tonnes de capsules jour et nuit. Je sais maintenant que, parfois, les solutions les plus simples offrent le meilleur remède. La pneumonie est la principale cause de mortalité chez les enfants à travers le monde. Le traitement de la maladie exige une chose à laquelle nous avons tous accès : l’oxygène. L’Organisation mondiale de la Santé a retenu ce composant fondamental de la vie en tant que traitement essentiel de l’infection. C’est en prenant conscience de cette réalité que notre groupe s’est attaqué à ce problème : « Comment pouvons-nous fournir de l’oxygène à ceux qui en ont besoin? »

« Certainement! – J’ai quelques concentrateurs ici dont vous pouvez disposer! » a répondu Reg, le technicien chargé de l’entretien dans un hôpital local à Melbourne, en Australie. Cette réponse à mon appel pour trouver de vieux concentrateurs d’oxygène a été ma première expérience de la mesure dans laquelle les gens sont désireux d’aider quand ils prennent connaissance de ce que nous tentons de faire. C’est aussi l’état d’esprit qui nous a permis de poursuivre ce projet pendant des années sans financement.

Des mesures préliminaires sur les concentrateurs d’oxygène qu’on nous avait donnés ont montré que le compresseur à air de l’appareil consommait presque toute l’électricité. L’oxygène est libre et accessible à tous; l’électricité ne l’est pas. Le problème est alors devenu en « Comment peut-on comprimer de l’air sans électricité? »

Un exemple de pompe hydraulique à piston plongeur

Photo : Un exemple de pompe hydraulique à piston plongeur

Ayant grandi en Australie rurale, j’ai toujours été intrigué par un appareil en particulier qui se trouvait dans notre grange. Ma mère m’a expliqué que c’était une pompe, mais comment pouvait-elle soulever de l’eau sans carburant et avec seulement deux soupapes? Ce qui semblait de la magie à mes yeux d’enfant, est une pompe hydraulique à piston plongeur et je sais aujourd’hui qu’elle repose sur de solides principes scientifiques. En modifiant la pompe qui se trouvait dans la grange, nous avons pu comprimer de l’air à un niveau approprié pour faire la séparation (de l’oxygène et de l’azote), mais l’air était trop humide pour convenir à la concentration.

Notre prochaine tentative pour mettre au point un concentrateur alimenté à l’eau était basé sur la Trompe – un dispositif employé pour compresser et assécher l’air dans les mines des régions éloignées du Canada. On a rapporté qu’un de ces appareils a continué à fonctionner pendant 30 ans après la fermeture de la mine! J’ai supposé que si elle ne coûtait rien pour fonctionner, pourquoi se donner la peine de l’arrêter? J’en ai donc construit une à côté de la maison de mes parents…

Les résultats obtenus avec la Trompe étaient mitigés. Notre principale préoccupation était que la mauvaise qualité de l’eau pourrait compromettre l’oxygène concentré, et garder le dispositif sous le sol était non pratique et coûteux. Nous avons résolu ces problèmes en retournant la pompe à l’envers pour en faire un siphon.

Première tentative de l’auteur pour construire un concentrateur alimenté à l’eau à côté de la maison de ses parents

Photo : Première tentative de l’auteur pour construire un concentrateur alimenté à l’eau à côté de la maison de ses parents

Avec cette idée novatrice et des résultats préliminaires, nous avons présenté une demande au Défi Sauver des vies à la naissance afin d’obtenir du financement pour produire un prototype et en faire l’essai sur le terrain en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Après avoir reçu une multitude de lettres de refus d’autres bailleurs de fonds, nous avons été étonnés d’apprendre que nous avions été retenus parmi les finalistes du Grand Défi pour le développement : Sauver des vies à la naissance de 2013. Nous avons été invités à participer au Development Xchange de Sauver des vies à la naissance, à Washington (D.C.), en juillet 2013.

En arrivant au Development Xchange, je me sentais comme un imposteur. Après tout, je n’ai même pas de formation en premiers soins et je rencontrais des gens qui avaient des qualifications médicales dont j’ignorais l’existence. Mais cette crainte s’est rapidement dissipée. Tout le monde avait la même opinion – qu’il est inadmissible que des mères et des bébés meurent de maladies évitables. Manifestement, nous avons été stupéfaits d’apprendre que notre équipe faisait partie des candidats retenus par le programme Sauver des vies à la naissance.

Les mois écoulés depuis que nous avons reçu notre subvention de démarrage ont été marqués par une sérieuse courbe d’apprentissage – médias, accords de propriété intellectuelle et questions d’éthique complexes, pour ne citer que ces exemples. Bien sûr, des problèmes techniques imprévus ont également surgi; un de ces problèmes m’a amené à tenter de trouver un éminent spécialiste de la séparation de l’oxygène dans le monde, pour me rendre compte qu’il se trouvait à distance de marche du campus de l’Université de Melbourne. Avoir accès à un large éventail d’expertise au sein de la communauté de Sauver des vies à la naissance est devenu essentiel pour nous permettre de produire un système capable de sauver des vies dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Nous avons encore du chemin à parcourir, mais nous sommes confiants que nous sommes plus près que jamais d’atteindre notre objectif de fournir de l’oxygène dans les cliniques de santé isolées.

Affirmer que l’année qui vient de se terminer a été chargée serait sérieusement en deçà de la réalité, et je suis impatient d’entendre la façon dont mes collègues s’en sont tirés au Development Xchange de cette année.


Nous vous invitons à afficher vos questions et vos commentaires au sujet de ce billet de blogue sur la page Facebook de Grands Défis Canada et sur Twitter @gchallenges.