Auteur invité

Nick Pearson est fondateur et directeur exécutif de Jacaranda Health. Nick a travaillé au confluent des affaires et de la santé mondiale en Afrique de l’Est, au Vietnam et en Inde. Allison Ettenger est gestionnaire de programme à Jacaranda Health, où elle travaille à des partenariats de recherche et d’évaluation.


« Depuis votre retour à la maison de Jacaranda Maternity, avez-vous eu de la fièvre ou des frissons? », demande Sharon, une agente de santé communautaire (ASC) de Jacaranda.

Ruth (*) s’est présentée à Jacaranda Health il y a trois jours pour accoucher de sa fille, qui est en bonne santé. Quand le temps est venu de quitter l’hôpital, les infirmières de Jacaranda ont conseillé Ruth – comme ils le font pour toutes les mères – afin de s’assurer qu’elle et son nouveau-né aient les meilleures chances de rester en bonne santé une fois rentrés à la maison, à Kasarani, situé juste à l’extérieur de Nairobi.

Mais ce n’est que le début de l’engagement de Jacaranda envers Ruth et son bébé. La question que pose Sharon figure sur la liste de contrôle de Jacaranda pour le suivi post-partum à la maison, qui est une série de questions axées sur le dépistage que les agents de santé communautaires (ASC) de Jacaranda posent aux mères lorsqu’elles quittent pour la maison. Cela s’inscrit dans une stratégie novatrice visant à faire en sorte que les mères et les bébés nés dans un hôpital Jacaranda font la transition en toute sécurité de l’hôpital à la maison. En 2012, notre projet a bénéficié d’une subvention de démarrage du programme Sauver des vies à la naissance, un partenariat entre Grands Défis Canada, l’Agence de développement international des États-Unis (USAID), le Département du Développement international du Royaume-Uni (DFiD), le gouvernement de la Norvège et la Fondation Bill & Melinda Gates.

Les ASC qui ont reçu une formation de Jacaranda utilisent la liste de contrôle pour effectuer un suivi complet et réduire les risques au cours de la période potentiellement dangereuse qui suit l’accouchement. La liste de contrôle guide les ASC en vue d’identifier tôt les signes de danger, d’envoyer la patiente en consultation et de faire des rappels pour des conseils essentiels sur des sujets comme l’allaitement et les soins du cordon. Les ASC conseillent les nouvelles mères sur l’importance de la recherche de soins en temps opportun et interviennent pour résoudre les problèmes courants des femmes à faible revenu lorsqu’elles cherchent à obtenir des soins, tels que le manque de transport, les frais d’hospitalisation, et la prise de décision avec leur mari concernant la planification post-partum.

La collaboration de Jacaranda avec des chercheurs de l’École de santé publique de l’Université Harvard permet d’évaluer rigoureusement ces méthodes novatrices de prestation des services. L’évaluation du programme est actuellement en cours, mais nous sommes heureux de partager quatre premières indications qui ressortent de notre projet pilote :

  • Réduire les risques pour la santé grâce à la détection précoce et l’action. Bonne nouvelle : lorsque des risques potentiels ont été détectés par l’ASC, près de 70 % des femmes ont donné suite à notre renvoi en consultation et cherché à obtenir les soins recommandés. Quels étaient certains de ces risques? L’ictère du nouveau-né, les infections et d’autres troubles mammaires ont été parmi les complications les plus couramment identifiées.
  • Promouvoir l’adoption de comportements sains après l’accouchement. Voici ce que nous savons déjà : les femmes moins instruites et pauvres sont moins susceptibles de recevoir des soins postnatals que leurs concitoyennes plus riches et plus instruites au Kenya. Le contact et le suivi peu de temps après l’accouchement pourraient réduire cette disparité pour les patientes à faible revenu de Jacaranda. Nous constatons que les femmes qui ont reçu un appel ou une visite sont retournées à notre établissement entre 50 et 74 % plus fréquemment pour des soins postnatals ou des services de planification familiale ou de bien-être des enfants, par rapport à celles qui n’ont pas reçu de visite ou d’appel après l’accouchement.
  • Promouvoir la planification familiale post-partum en temps opportun. Les visites à domicile et les appels fournissent également une occasion unique pour donner des conseils sur les décisions à prendre après l’accouchement en matière de planification familiale. Dans le cadre de notre stratégie d’intégration de l’éducation relative à la planification familiale sur l’ensemble du continuum, les ASC dispensent de l’éducation sanitaire structurée (adaptée de l’excellente Stratégie de counseling équilibré du Population Council) pour aider les femmes (et leur partenaire) à décider de la méthode de planification familiale qui leur convient. Au cours du suivi, 76 % des femmes participantes ont choisi une méthode particulière de planification familiale devant débuter lors de leur visite à la clinique six semaines après la naissance.
  • L’importance d’une équipe de soins multiniveaux. Il y a eu un appel global en faveur d’un transfert de tâches, en particulier vers les ASC, pour contrer les pénuries de personnel de la santé dans les milieux pauvres en ressources comme au Kenya. Mais trop souvent, le lien vital avec les formateurs et les experts cliniciens est rompu après la conclusion d’une formation de courte durée. Nous adoptons une approche différente en renforçant le lien établissement-collectivité par le biais des équipes d’ASC et des infirmières. Ce soutien est essentiel : les ASC savent qu’ils ont des infirmières et, plus important encore, l’hôpital derrière eux.

La prestation de ces soins aux mères et aux nouveau-nés des établissements Jacaranda a fait ressortir des résultats préliminaires montrant que nous pouvons réduire les risques pour la santé, promouvoir un sain comportement post-partum et assurer une transition sécuritaire vers la maison dans les quelques jours critiques qui suivent l’accouchement.

(*) Nom changé pour protéger la confidentialité des renseignements personnels.


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