Chef(s) de projet: Yoel Lubell
Problème
Chaque jour, plus de 10 000 décès surviennent dans les régions tropicales, dus à une infection bactérienne, virale ou paludique, la fièvre constituant la présentation indifférenciée la plus courante.
Les systèmes de santé des pays en développement ne disposent pas d’une capacité de diagnostic adéquate pour différencier les causes de la fièvre, entraînant un surtraitement antimicrobien, un facteur probable de la résistance aux médicaments.
Alors que le déploiement généralisé de tests de diagnostic rapide pour le paludisme dans les zones endémiques a révolutionné la prise en charge de la fièvre, il a également soulevé de nouveaux défis en raison de la proportion croissante de fièvres avec un résultat négatif pour le test du paludisme. Dans certains cas, les patients ont besoin d’antibiotiques mais ne sont pas reconnus comme tels, alors que dans beaucoup d’autres cas des antibiotiques sont administrés inutilement.
Une approche pour améliorer la gestion des fièvres serait d’utiliser des biomarqueurs d’infection bactérienne afin d’identifier les patients qui doivent être traités avec un antibiotique. Un test rapide pour le paludisme combiné à un test pour un biomarqueur d’infection bactérienne pourrait offrir aux travailleurs de la santé des régions tropicales rurales une approche simple, abordable et pratique pour guider les traitements antimicrobiens.
Solution
Le but du projet était d’estimer la valeur prédictive de la procalcitonine (PCT) et de protéines C-réactives (PCR) dans des échantillons de sérum stockés provenant de patients présentant une fièvre indifférenciée afin de déterminer la nécessité d’un traitement antibiotique.
La PCT et les PCR sont des biomarqueurs reconnus d’infection bactérienne chez les patients atteints de septicémie et ils sont déjà utilisés dans de nombreux pays à revenu élevé, bien qu’il y ait très peu de données dans le contexte des infections tropicales. Les résultats de la présente étude pourraient guider le développement d’un test du paludisme combiné à un test de biomarqueurs d’infection bactérienne.
L’équipe du projet a obtenu plus de 2 000 échantillons de sérum provenant de trois études sur la fièvre au Cambodge, au Laos et en Thaïlande, où de vastes recherches en laboratoire ont été menées sur des patients fébriles afin d’attribuer une cause microbiologiquement confirmée à la maladie.
Un système mini-VIDAS et des réactifs ont été achetés pour procéder aux essais avec la PCT, et un lecteur NycoCard Axis Shield a été utilisé pour les essais avec des PCR.
Résultat
La recherche a montré que les biomarqueurs de la PCT et des PCR sont efficaces pour faire la distinction entre les infections virales et bactériennes dans les régions tropicales et qu’ils pourraient éclairer potentiellement la prise en charge de la fièvre dans ces régions.
L’équipe a publié un article en novembre 2015 rapportant que, contrairement à plusieurs études menées dans des régions à revenu élevé, les PCR étaient supérieurs à la PCT en termes de précision, avec une valeur sous la courbe de 0,83 pour les PCR et de 0,74 pour la PCT.
La précision et la stabilité des tests rapides avec les PCR actuels ont été évaluées en situation réelle, en utilisant une étude sur la fièvre menée au Laos, ce qui a mené à la production d’un second article soumis à l’examen de pairs au début de2016. Un troisième article utilisant les données de la phase I dans un modèle d’analyse coût-efficacité a exploré l’impact potentiel d’un test avec des PCR s’il était intégré aux soins de routine.
Afin d’évaluer l’impact potentiel d’un test avec des PCR pour ce qui est d’améliorer les conditions de santé et de réduire de manière sécuritaire la consommation d’antibiotiques en situation réelle, l’équipe a maintenant entrepris un troisième essai clinique dans des établissements de santé en Thaïlande et au Myanmar afin d’évaluer l’impact d’un test avec des PCR sur des patients fébriles fréquentant des établissements de soins primaires.
L’équipe présentera une demande de financement de déploiement à l’échelle de la phase II afin d’étendre cette étude au Laos, et de développer test combiné pour le paludisme et les PCR pouvant être utilisé par les travailleurs de la santé au niveau des villages dans les régions éloignées ou le paludisme est endémique. Si ces étapes se révèlent fructueuses, l’équipe procédera à une évaluation finale de l’utilisation du test combiné pour le paludisme et les PCR par des travailleurs de la santé au niveau des villages au Cambodge, au Laos et au Myanmar.