Chef(s) de projet: Gregor Reid
Problème
Les toxines artificielles et celles provenant de l’environnement provoquent des maladies aiguës et chroniques et la mort de millions d’êtres humains et d’animaux en Afrique.
Les toxines environnementales telles que les aflatoxines et les métaux lourds contaminent les aliments et peuvent entraîner des problèmes neurologiques chez les nourrissons.
Depuis 2004, environ 477 cas d’intoxication à l’aflatoxine associés à la consommation de maïs contaminé ont été documentés dans l’Est du Kenya avec un taux de mortalité de 40 %.
Solution
L’objectif principal de ce projet était de développer un yogourt probiotique spécial dont la consommation permet de réduire l’absorption de toxines environnementales chez les humains.
Les aliments fermentés contenant des bactéries lactobacilles peuvent réduire l’adsorption des toxines environnementales parce que la paroi cellulaire des organismes peut se lier aux toxines et, dans certain cas, les dégrader.
L’équipe du projet avait déjà introduit le yogourt probiotique par le biais de cuisines communautaires en Tanzanie et au Kenya et montré que la souche probiotique Lactobacillus rhamnosus GR-1 pouvait réduire l’adsorption d’arsenic et de mercure chez les enfants et les femmes enceintes; le fondement du nouveau projet est que la souche GR-1 et une autre extraite du millet fermenté au Kenya (souche NN20), pouvaient se lier à l’aflatoxine.
Le premier objectif était de mettre en place une cuisine communautaire près d’Embu, au Kenya rural, où l’intoxication à l’aflatoxine est fréquente, et de vérifier si l’ingestion de yogourt probiotique contenant les souches GR-1 et NN20 pourrait réduire l’absorption d’aflatoxine chez des écoliers dont l’exposition à ce risque est connue, en dépit des avertissements émis pour éviter le maïs contaminé.
Chaque participant a reçu 200 ml de yogourt probiotique dans une tasse calibrée à chaque matin, durant une période de 14 jours, et des échantillons de sang et d’urine ont été prélevés pour déceler la présence d’aflatoxine. Des échantillons de maïs provenant de la source utilisée par les familles ont également été recueillis et analysés pour y déceler la présence d’aflatoxine.
Le deuxième objectif était de concevoir et de créer un sachet contenant la bactérie Streptococcus thermophilus séchée, qui fermente le lait, et la souche complémentaire de probiotique Lactobacillus rhamnosus GR-1. Cela constitue une innovation d’importance critique car elle fournit un moyen de mettre le probiotique à la portée d’une clientèle plus large. Avec un seul sachet, une personne ou un groupe peut produire 100 litres de yogourt probiotique au lieu de devoir compter sur une entité distincte (université, institut, hôpital, clinique) pour la culture du probiotique. Grâce à une collaboration étendue avec Yoba-for-Life et l’analyse de plus de 100 souches, une souche de S. thermophilus offrant des propriétés idéales a été découverte et a maintenant été ajoutée avec succès à L. rhamnosus GR-1.
Résultat
Lors de l’essai avec les écoliers, le yogourt a été bien reçu et n’a donné lieu qu’à un seul événement indésirable présumé, attribuable à une intolérance au lactose.
Au moyen d’un rappel alimentaire, les enfants ont consommé du maïs au cours de 9,5 jours en moyenne sur les 28 jours de l’étude.
En moyenne, le score de l’indice Z de masse corporelle des enfants de 14,8 kg/m2 était indicatif d’une malnutrition. Il a augmenté à un niveau normal (moyenne de 16,3 kg/m2) après la consommation de yogourt probiotique pendant deux semaines.
Le pourcentage d’échantillons d’urine post-traitement montrant la présence d’aflatoxine était de 21 % dans le groupe témoin et de 9 % chez les enfants ayant consommé du yogourt probiotique.
Comme les niveaux d’aflatoxine sont généralement faibles, il n’a pas été possible de conclure que ces enfants courraient un risque de cancer du foie, ou que la consommation quotidienne de yogourt probiotique pouvait réduire ce risque.
La création et la production réussies de 20 000 sachets permet une expansion des cuisines communautaires autour de Mwanza, en Tanzanie, et de Nairobi, au Kenya. Cette initiative permet d’autonomiser les femmes et constitue une source de revenu pour les groupes d’entreprises sociales et les agriculteurs; la cuisine procure des aliments nutritifs, en particulier aux enfants en croissance.
En raison du succès du projet et de la collaboration avec Heifer International, Yoba-for-life et l’Université d’Agriculture et de Technologie Jomo Kenyatta (JKUAT), l’équipe a reçu un financement de suivi du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) afin de permettre la distribution de ces yogourts probiotiques à un million d’adultes et d’enfants en Afrique de l’Est.