Chef(s) de projet: Bonnie Stevens, Isaac Odame
Mis en œuvre au Ghana, ce projet permettra d’introduire des moyens de soulager la douleur chez les nourrissons nés prématurément et traités dans une unité néonatal de soins intensifs (UNSI) – les plus petits enfants souffrant de douleurs allant de modérées à sévères, plusieurs fois par jour, en raison de procédures diagnostiques et thérapeutiques telles que les prélèvements d’échantillons de sang et les injections de médicaments.
La chef de projet, la Dre Bonnie Stevens de l’Hospital for Sick Children de Toronto, affirme que la gravité des malformations cérébrales observées plus tard chez les enfants nés avant terme peut être liée au nombre de procédures douloureuses subies à l’UNSI.
« La hausse du nombre de procédures douloureuses qui sont mal gérées a également été associée à des problèmes cognitifs, de langage et de motricité, ainsi qu’à une faible réussite scolaire », explique la Dre Stevens. « Bien que les conséquences de la douleur soient connues, la douleur procédurale est souvent mal gérée et priorisée ».
Dans le monde, environ 13 millions d’enfants naissent prématurément chaque année – un nombre sans cesse croissant avec l’accès aux technologies modernes. Et même en Amérique du Nord, en Europe et en Australie, des enquêtes montrent que les « nouveau-nés » sont exposés en moyenne à entre 4 et 14 procédures douloureuses par jour, alors que seulement un sur trois environ bénéficie d’un soulagement de la douleur.
On en sait moins sur la gestion de la douleur néonatale dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où l’incidence de la maladie et de la mort néonatales est la plus élevée. Cependant, une enquête au Kenya a montré que les nourrissons traités dans sept pouponnières de soins spéciaux avaient subi en moyenne quatre procédures douloureuses par jour, la moitié d’entre elles étant des injections et des prélèvements d’échantillons sanguins. Aucune forme d’analgésie n’a par ailleurs été documentée.
Le projet introduira des soignants et des parents ghanéens à une « boîte à outils intégrée pour minimiser l’impact de la douleur chez les nourrissons », adapté de pratiques ayant donné de bons résultats au Canada. Des vidéos et d’autres matériels pédagogiques détailleront des moyens simples, éprouvés et universellement accessibles pour atténuer la douleur procédurale chez un nourrisson, tels que : des solutions sucrées (p. ex. sucrose ou glucose) administrées par voie orale avant une procédure douloureuse; des soins kangourou, où l’enfant est maintenu en contact peau-à-peau avec un parent; position facilitée, où l’enfant est maintenu dans une position fœtale, pour lui fournir un soutien et des repères; l’allaitement maternel.
Ensemble, ces interventions ont un effet de soulagement démontré sur la douleur cumulative.
« L’insuffisance des ressources est citée comme principal obstacle à la gestion de la douleur chez les nourrissons, outre le manque de connaissances, les graves pénuries de personnel et le manque de formation structurée sur la douleur. L’intervention proposée de la trousse à outils abordera ces questions », explique la Dre Stevens.
Le projet s’appuie sur des partenariats actuels entre l’École des sciences infirmières de l’Université du Ghana, le Korle Bu Teaching Hospital d’Accra et le Hospital for Sick Children de Toronto, portant sur la formation de 1 000 infirmières pédiatriques au Ghana au cours des 10 à 15 prochaines années, avec le soutien d’une subvention du gouvernement du Canada. Les plans prévoient l’intégration de la boîte à outils au programme d’études de la Faculté des sciences infirmières (qui traite peu de la douleur) et son déploiement à plus grande échelle dans d’autres pays.
D’expliquer la Dre Stevens : « Réduire l’intensité des procédures douloureuses chez les nourrissons hospitalisés en utilisant des stratégies simples, peu coûteuses, fondées sur des données probantes pourrait atténuer à la fois le stress et la souffrance immédiate, ainsi que l’impact à long terme connu de la douleur sur le développement néonatal du cerveau et les déficits cognitifs ».