Chef(s) de projet: Jamilla Rajab
Problème
On estime que 20 à 30 % des adultes séropositifs développeront un cancer et 1,6 million de Kényans vivent actuellement avec le VIH.
Le cancer occupe le troisième rang parmi les causes de décès au Kenya et contribue 7 % de la mortalité nationale avec une incidence annuelle de plus de 22 000 décès.
La sensibilisation au cancer est faible et la connaissance du lien avec l’infection au VIH est encore plus limitée.
Il y a un manque de registres des cas de cancer en Afrique, mais la promulgation de la Loi nationale sur le cancer en 2012 au Kenya a fait du cancer une maladie à déclaration obligatoire, ce qui signifie que le gouvernement national et les administrations régionales doivent recueillir et signaler tous les cas de cancer à des fins de contrôle, de gestion et d’allocation des ressources.
Solution
Ce projet a testé la viabilité de la mise en place d’un registre des cas liés de cancer et d’infection au VIH parmi la population afin de documenter les tendances du cancer dans deux comtés du Kenya.
Un registre unique sur téléphonie mobile des cas liés de cancer et de VIH a été développé pour répondre aux besoins sur le plan des connaissances, de la planification et de l’intervention de diverses parties prenantes et servir de plateforme de données sur le cancer.
À la lumière des données sur les cas liés de cancers les plus fréquents et de VIH, le projet visait à stimuler la demande pour de nouvelles interventions fondées sur les différences régionales dans le fardeau de la maladie et à fournir des outils spécialement adaptés pour éclairer la répartition des ressources.
Des données sur le cancer et le VIH ont été recueillies par des spécialiste formés en déclaration des cas de cancer et entrées dans le logiciel standard de saisie de données CANREG 5. Le diagnostic de cancer était basé sur la morphologie (histologie, cytologie) et les lignes directrices cliniques et d’imagerie publiées.
Ces données ont ensuite été analysées pour déterminer la prévalence et les tendances spécifiques du cancer et du VIH.
Dans le but d’adapter des messages spécifiques pour améliorer la communication au sein de la communauté, un sondage a été mené auprès du grand public et des patients atteints de cancer dans les comtés pilotes afin d’obtenir des renseignements sur les lacunes dans les connaissances, les attitudes et les pratiques à l’égard du cancer.
Pour faciliter l’accès aux données, une application simple basée sur le Web a été conçue et hébergée sur un serveur sécurisé fonctionnant sur une plateforme où sont importées les données sommaires du registre.
Résultat
Le projet a abouti au développement réussi d’une base de données sur le cancer reliant deux comtés, Embu et Nakuru, au Kenya.
Pour la première fois, le ministère de la Santé dispose d’un registre de données de qualité sur les cas liés de cancer et de VIH pour deux comtés.
Au total, 1071 cas de cancer (59,9 % de femmes et 40,1 % d’hommes) ont été saisis dans la base de données dans le comté de Nakuru. Dans le comté d’Embu, on a dénombré 1490 cas.
L’incidence du cancer culminait à différents groupes d’âge dans ces comtés.
Les cancers les plus couramment rapportés chez les femmes de Nakuru étaient le cancer du sein (24,3 %) et le cancer du col utérin (22,4 %). Dans le comté d’Embu, cependant, le cancer du col utérin (39,4 %) était plus fréquent, suivi du cancer du sein (30,7 %).
Chez les hommes du comté de Nakuru, les deux premiers rangs étaient occupés par le cancer de l’œsophage (17,9 %) et le cancer de la prostate (16,8 %), tandis que dans le comté d’Embu, le cancer de la prostate (27,1 %) et celui de l’œsophage (24,5 %) arrivaient en tête.
Pour le comté d’Embu, les résultats des test de dépistage du VIH n’étaient disponibles que pour 139 cas de cancer. Dans le comté de Nakuru, seulement 334 cas renfermaient des renseignements similaires.
Dans le registre du comté d’Embu, il y avait 106 cas de cancer avec séropositivité (femmes, 60,4 %; hommes, 39,6 %), tandis que dans le comté de Nakuru, il y avait 57 cas de séropositivité (femmes 73,7 %; hommes, 26,3 %).
Les résultats de ce projet ont été largement diffusés à des conférences et dans des publications.