Chef(s) de projet: Etheldreda Nakimuli-Mpungu
Problème
Des études ont montré que la dépression peut entraver la capacité d’acquérir ou d’utiliser des renseignements sur le VIH/sida et ses protocoles de traitement.
La reconnaissance et le traitement précoces de la dépression mèneraient à une meilleure assimilation des messages axés sur les changements de comportement, une diminution des comportements à risque de transmission du VIH et une meilleure observance de la thérapie antirétrovirale (TAR), qui sont susceptibles d’améliorer l’efficacité clinique de la TAR.
L’Organisation mondiale de la Santé recommande des thérapies psychologiques comme traitement de première ligne de la dépression, mais elles sont inexistantes dans le Nord de l’Ouganda.
Solution
Le but du projet était de développer et de tester une intervention culturellement adaptée de psychothérapie en groupe de soutien (PGS) afin de traiter et de prévenir la dépression chez les patients atteints du VIH.
Un essai contrôlé randomisé (ECR) de la PGS auprès d’adultes infectés au VIH et déprimés a été réalisé dans le Nord de l’Ouganda post-conflit en comparant la PGS à l’éducation de groupe sur le VIH (EGV) parmi des personnes vivant avec le VIH/sida.
Des hommes et des femmes (n = 109) vivant avec le VIH, âgés de 18 ans et plus et rencontrant le critère de dépression majeure du Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI) ont été recrutés dans un centre de soins pour le VIH du district de Kitgum, dans le Nord de l’Ouganda.
Les participants ont été stratifiés selon le sexe et randomisés pour recevoir soit 8 séances hebdomadaires de PGS (n = 57) soit 8 séances hebdomadaires de EVG (n = 52) et ont fait l’objet d’un suivi après l’intervention et pendant 6 mois par la suite.
Les principaux résultats étaient liés au niveau des symptômes de dépression et à la capacité de fonctionnement. Les résultats secondaires étaient liés à la perception du soutien social et à l’estime de soi.
Résultat
Les participants au volet PGS de l’étude ont montré une réduction significativement plus importante des symptômes de dépression par rapport à ceux du volet EVG lors de l’évaluation après 6 mois.
Le taux d’augmentation des scores de fonctionnement était également plus élevé chez les participants au volet PGS que les participants au volet EVG, à la fois au cours du traitement et 6 mois après l’intervention.
Les participants au volet PGS avaient des scores de fonctionnement et d’estime de soi significativement plus élevés 6 mois après l’intervention. Ces résultats ont été publiés dans la revue The Lancet HIV.
Le succès du développement et de la mise en œuvre de ce programme de psychothérapie en groupe de soutien a permis au partenaire du projet, la Fondation Peter C. Alderman (PCAF), d’obtenir davantage de fonds auprès de la Fondation d’Harcourt pour l’approche communautaire des services de santé mentale, y compris la psychothérapie en groupe de soutien.
L’intervention est actuellement mise en œuvre dans des cliniques de VIH situées dans des établissements gouvernementaux de soins de santé primaires de trois districts du Nord de l’Ouganda (Gulu,Kitgum et Pader). Les activités de mise en œuvre englobent la formation des travailleurs de la santé en poste dans ces cliniques de VIH pour le dépistage des personnes vivant avec le VIH et souffrant de dépression et la prestation de services de psychothérapie en groupe de soutien comme traitement de première ligne de la dépression. Le personnel de la santé qui a été formé assurera à son tour la formation d’intervenants non professionnels dans les villages (guérisseurs spirituels, guérisseurs traditionnels, clients experts, intermédiaires facilitateurs et membres de l’équipe de santé du village) afin de leur permettre d’acquérir les compétences nécessaires pour reconnaître la dépression et la traiter en faisant appel à la psychothérapie en groupe de soutien .
Les activités du projet ont été acceptées par le référentiel d’innovations du Mental Health Innovation Network et ont été téléchargées sur son site web.