Karlee Silver

Jeff Murray, Sous-directeur par intérim, Santé familiale, Fondation Bill & Melinda Gates, et Karlee Silver, v.-p., Défis ciblés, Grands Défis Canada

Aujourd’hui, cinq millions d’enfants de plus survivent chaque année au-delà de leur cinquième anniversaire en comparaison d‘il y a 25 ans. C’est un progrès rendu possible par l’engagement de la communauté mondiale à atteindre des cibles précises en vue de réduire les décès et les causes de mortalité chez les moins de cinq ans (p. ex. la malnutrition, le VIH, le paludisme, la diarrhée, la pneumonie et les naissances prématurées), renforcé par la capacité de mesurer et de suivre les progrès vers l’atteinte des cibles fixées partout dans le monde. L’accès à des façons fiables et pratiques de suivre les effets des interventions sur la survie des enfants a permis d’élaborer et de déployer en temps opportun des approches innovatrices, ce qui a contribué à faire reculer la mortalité infantile.

Bien que nous ayons toutes les raisons de célébrer – de célébrer cinq millions de cinquièmes anniversaires supplémentaires! – nous n’arrivons pas à faire en sorte que chacun de ces enfants s’épanouisse au-delà de la simple survie. Actuellement, plus de 200 millions d’enfants ne parviennent pas à atteindre leur plein potentiel de développement (Grantham-McGregor et al. 2007). Cette estimation conservatrice est extrapolée à partir du nombre d’enfants dont la croissance est modérément ou gravement restreinte (c.-à-d. ralentie, avec un ratio de la grandeur pour l’âge inférieur à deux-écarts-types sous la médiane) et qui grandissent dans une pauvreté extrême. La croissance physique, la pauvreté et l’âge gestationnel à la naissance ont une importance significative au niveau de la population comme prédicteurs de piètres résultats scolaires et des résultats à l’âge adulte. Cependant, ces mesures comportent des limites aux premiers stades de développement pour évaluer rapidement l’impact des interventions sur le développement de l’enfant.

Les expériences et l’environnement au cours des premières années façonnent largement le développement de l’architecture du cerveau, aboutissant à l’éventail d’aptitudes et de capacités d’apprentissage accumulées par l’enfant. Une sérieuse adversité au début de la vie peut provoquer des perturbations physiologiques dans le développement des circuits neuraux qui persisteront à l’âge adulte. À l’opposé, favoriser une bonne santé, fournir des expériences enrichissantes et formatrices et protéger les enfants contre les mauvais traitements durant les premières années peuvent contribuer à les placer sur la voie de la santé, de la productivité et de la participation à la société à plus long terme. À titre d’exemple, des hommes au Guatemala ayant fait l’objet d’une intervention nutritionnelle avant l’âge de trois ans gagnaient près de 50 % plus par heure à l’âge adulte que les autres (Hoddinott et al. 2008), et les jeunes enfants qui ont bénéficié d’une intervention axée sur la stimulation psychosociale avaient une moins grande probabilité de participer à un crime violent avant l’âge de 22 ans (Walker et al. 2011). Nous avons ici une occasion d’appliquer des approches innovatrices pour favoriser le développement précoce du cerveau et avoir un impact significatif, aidant ainsi à faire en sorte que la prochaine génération d’enfants s’épanouisse.

Depuis 2011, l’initiative Sauver des cerveaux de Grands Défis Canada a investi 28 millions $CAD dans 44 projets et une plateforme servant à mettre à l’essai des produits, des services, des modèles de prestation et des politiques innovateurs pour protéger et favoriser le développement précoce du cerveau et de l’enfant, en vue d’accroître le capital humain dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dès le départ, Sauver des cerveaux a résolument mis l’accent sur la mesure des résultats. Les innovateurs de Sauver des cerveaux ont été mis à contribution pour définir un ensemble d’indicateurs fondamentaux des résultats visant à mesurer le développement de l’enfant, ce qui représente la meilleure stratégie d’évaluation avec les outils et les données actuellement disponibles. Cela permet de passer immédiatement à l’action pour lutter contre ce gaspillage monumental de potentiel en capital humain.

 

Simultanément, de nouvelles approches pour mesurer le développement et le fonctionnement du cerveau chez le fœtus et le nourrisson qui soient simples, fiables, non invasives, objectives et universellement applicables ont le potentiel d’accélérer l’impact des interventions ciblant le développement précoce du cerveau et de l’enfant. L’évaluation de ces approches devrait idéalement se faire en connaissant l’âge gestationnel à la naissance, une cause importante du piètre développement neurologique et des retards de croissance. Par conséquent, c’est avec une grande joie que nous constatons que la Fondation Bill & Melinda Gates est en mesure de jumeler son expertise en innovations axées sur le développement à son orientation stratégique vers la santé de la famille pour s’associer à Sauver des cerveaux en lançant un appel de propositions pour Explorer de nouvelles façons de mesurer le développement du cerveau chez le fœtus et le nourrisson, y compris de meilleures méthodes d’évaluation de l’âge gestationnel, soit au stade prénatal soit à la naissance. Grâce à ce partenariat, les méthodes de mesure prometteuses élaborées à la suite de cet appel de propositions pourront être appliquées par ceux qui font l’essai de ces interventions innovatrices, accélérant du même coup les volets intervention et mesure des solutions explorées.

 

Investir de manière efficace dans les premières années de la vie peut contribuer à améliorer la santé et la productivité des futurs membres de notre société. Si nous prenons à cœur ce que nous mesurons, il est essentiel que nous mesurions ce qui nous tient à cœur.

Pour plus d’information, consultez notre communiqué ‘Grands Défis Canada accueille la Fondation Bill & Melinda Gates au sein de l’initiative Sauver des cerveaux’.
Ce document a été également publié sur le blogue Impatient Optimists.

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