Chef(s) de projet: Humphrey Mazigo
Problème
Près de 40 % de la population mondiale est exposée au paludisme, et 215 millions de cas de paludisme ont été signalés en 2015, la majorité chez des enfants de moins de cinq ans vivant en Afrique.
On sait que les activités comme la culture irriguée du riz augmentent les sites de reproduction des vecteurs du paludisme, et ce sont souvent ces communautés qui portent le plus lourd fardeau de la maladie.
L’utilisation de biolarvicides (Bacillus thuringiensis var israeliensis) pour lutter contre les vecteurs du paludisme au stade larvaire a été proposée comme mesure efficace et sécuritaire, mais l’épandage et la surveillance des larvicides se butent à la nécessité de recourir à un personnel qualifié.
Solution
Cette étude menée en Tanzanie vise à intégrer les activités d’application de biolarvicides et d’application d’engrais par les agriculteurs dans les champs de riz pour cibler les stades aquatiques des vecteurs du paludisme, tout en augmentant la productivité de la culture du riz.
L’étude a d’abord cherché à déterminer l’abondance et l’intensité de la transmission du paludisme par des moustiques vecteurs dans la zone B de l’étude par un échantillonnage de vecteurs du paludisme se trouvant à l’intérieur à la recherche d’un hôte, en utilisant les pièges lumineux du Center for Disease Control (pièges lumineux CDC) dans quinze maisons choisies parmi cinq sous-villages pendant trois nuits consécutives.
Au total, 5131 moustiques femelles ont été recueillies et, de celles-ci, les moustiques vecteurs du paludisme (Anopheles gambiae et An. funestus) représentaient 64,4 % de l’échantillon.
Un total de 1154 habitants, avec un âge médian de 13 ans, ont été examinés pour détecter une infection au paludisme. La prévalence globale du paludisme était de 14,2 % et de 17,5%, selon un examen microscopique et des tests de diagnostic rapide, respectivement.
Pour évaluer les connaissances, les perceptions et les pratiques de la collectivité concernant le paludisme, un total de 248 ménages de cinq sous-villages ont été interrogés. Les chefs de ménages avaient certaines connaissances sur le paludisme et les mesures d’intervention, mais leur connaissance de l’utilisation de biolarvicides comme mesure de lutte contre le paludisme était limitée.
Enfin, l’équipe de projet a voulu évaluer l’effet de l’application biolarvicide-engrais sur les indices de transmission par les moustiques et déterminer l’acceptabilité dans la collectivité de l’intégration des applications de larvicides et des applications d’engrais dans les cultures.
Résultat
Le projet a démontré avec succès qu’il est possible de combiner les activités d’application de biolarvicides et d’application d’engrais par les agriculteurs.
Les agriculteurs qui ont utilisé un mélange de biolarvicides et d’engrais ont obtenu une production significativement supérieure de grains de riz.
Une baisse de 4,17 % de la parasitémie paludique (mesure du niveau de transmission du paludisme) a été observée à Upogoroni, le site d’intervention, de même qu’une baisse de la densité des larves porteuses du paludisme.
Il y a eu aussi une baisse significative de la densité moyenne à l’intérieur des maisons des vecteurs de paludisme Anopheles gambiae s.l. entre la mesure de référence et le suivi postérieur à l’intervention (moyenne de 88,29 contre 46,14) dans le village visé par l’étude.
Les résultats des travaux ont été diffusés dans des publications et l’équipe de recherche a présenté une demande de fonds supplémentaires afin de procéder à d’autres études de validation.