Chef(s) de projet: (John) David Spence
Problème
L’hypertension artérielle est un problème de santé majeur en Afrique, où la rétention de sel et d’eau pour des raisons héréditaires est plus répandue. Deux causes particulières d’hypertension résistante sont plus fréquentes dans la région : les mutations des canaux sodiques rénaux (variantes du syndrome de Liddle) et l’aldostéronisme primaire dû à une hyperplasie corticosurrénale bilatérale.
Les approches actuelles pour la gestion de l’hypertension supposent que tous les patients sont identiques, mais les patients présentant des mutations du canal sodique épithélial rénal comptent pour 6 % des cas et nécessitent un traitement spécifique; l’aldostéronisme primaire avec hyperplasie bilatérale due à des mutations de la synthase de l’aldostérone (CYP11B2) compte pour 20 % des cas d’hypertension en Afrique, et nécessite également un traitement spécifique avec la spironolactone, l’éplérénone (ou l’amiloride pour les hommes si l’éplérénone n’est pas disponible).
Solution
Ce projet a vérifié l’hypothèse selon laquelle le recours à un traitement individualisé basé sur la physiologie d’un patient (évaluée en mesurant la rénine plasmatique et l’aldostérone) serait supérieur aux soins habituels. Le projet impliquait des patients souffrant d’hypertension résistante de trois pays : le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud.
Au total, 101 patients souffrant d’hypertension résistante ont été recrutés sur 3 sites en Afrique et répartis de façon aléatoire entre un groupe recevant le traitement habituel et un groupe recevant un traitement individualisé en fonction de la physiologie; 89 patients ont complété l’essai.
La thérapie pour l’hypertension artérielle a été adaptée à la cause sous-jacente de l’hypertension telle que déterminée par des tests de laboratoire et les patients ont été suivis pendant un an.
Les patients ayant un faible taux de rénine et un taux d’aldostérone élevé (aldostéronisme primaire) ont été traités principalement avec de la spironolactone, de l’éplérénone et de l’amlodipine; ceux ayant de faibles taux de rénine et d’aldostérone (variantes de Liddle) ont été traités avec des diurétiques (l’amiloride là où elle était disponible) et l’amlodipine; ceux qui avaient des taux élevés de rénine et d’aldostérone ont été traités principalement avec des bloqueurs de récepteurs de l’angiotensine, la thiazide et l’amlodipine.
La thérapie individualisée a amélioré de façon significative le contrôle de la pression artérielle. La pression artérielle systolique a été réduite à la cible (<140 mmHg) chez 75 % des patients aléatoirement assignés au traitement individualisé par rapport à 25 % chez ceux qui avaient été aléatoirement assignés aux soins habituels (p = 0,001). Le contrôle diastolique à <90 mmHg a été obtenu chez 60 % des patients recevant un traitement individualisé contre 40 % chez les participants ayant reçu les soins habituels (p = 0,018).
Cinq gènes candidats soupçonnés de causer l’hypertension en provoquant une rétention de sel et d’eau ont été séquencés en deux sous-groupes de patients (aldostéronisme primaire appréhendé et variantes du syndrome de Liddle appréhendées). Cinq polymorphismes à nucléotide simple (SNP) qui semblent prometteurs ont été isolés.
Résultat
Les chercheurs ont l’intention de finaliser et de publier les résultats de l’étude et d’utiliser ces résultats pour appuyer des essais cliniques randomisés plus importants au Canada et ailleurs.
Les chercheurs en Afrique ont été informés des avantages d’un traitement individualisé pour l’hypertension résistante et, comme ce sont tous des chefs de file dans leur pays, on prévoit qu‘ils sensibiliseront d’autres médecins africains aux avantages de cette approche.
Des études de suivi des SNP prometteurs sont prévues au sein de populations cliniques plus vastes de personnes souffrant d’hypertension en Afrique et au Canada, et des études familiales seront menées si cela s’avère faisable et si du financement est obtenu.