Chef(s) de projet: Erin Stern
Problème
Le viol est un facteur de risque majeur pour le VIH, bien que l’absence de recherches empêche de quantifier les liens entre le viol et les niveaux disproportionnés d’infection chez les femmes dans les pays ayant les taux les plus élevés de prévalence du VIH.
Comprendre les obstacles au signalement d’un viol est nécessaire à de fins de prévention, mais la recherche sur la violence sexuelle se bute à des contraintes sérieuses : la peur et les tabous réduisent le bassin de répondantes disposées à parler; la dépendance à l’égard de chercheurs hautement qualifiés et culturellement acceptables rend les études plus longues et coûteuses; le recours à des interprètes crée une distance; les communautés rurales et isolées sont difficiles à rejoindre; les sondages écrits excluent les répondantes analphabètes; tandis que le stockage sécuritaire et fiable des données pose un défi.
Solution
Ce projet, dirigé par Erin Stern, a développé une application d’auto-entrevue audio et voix par ordinateur (CAVIA), une application originale sur téléphone intelligent qui combine l’enregistrement vocal avec la technologie existante d’auto-entrevue audio assistée par ordinateur.
L’application fournit aux utilisateurs un outil qui réduit considérablement les inhibitions au signalement d’un viol en permettant aux répondantes de répondre isolément aux questions posées dans n’importe quelle langue par un ordinateur impersonnel qui ne porte pas de jugement.
L’application CAVIA a été conçue pour les adultes de plus de 18 de l’un ou l’autre sexe, sans restrictions en rapport avec la langue, l’alphabétisation, la familiarité avec l’informatique ou la téléphonie cellulaire, ou la proximité d’un bureau central de recherche.
L’application CAVIA a été développée, programmée et perfectionnée de concert avec Jembi eHealth Systems, une société sud-africaine sans but lucratif spécialisée dans le développement de systèmes d’information sur la santé en ligne.
Le projet a mis à l’essai l’application CAVIA dans deux communautés sud-africaines très différentes, par le truchement du Thoyoyandou Victim Empowerment Program (TVEP) à Thoyoyandou, Limpopo, et de la Treatment Action Campaign (TAC) à Khayelitsha, Cape Town.
Les participantes à l’étude ont effectué des auto-entrevues CAVIA en privé, exprimant de façon anonyme leurs perspectives et observations personnelles au sujet de la violence sexuelle affectant leur communauté.
Résultat
Les résultats ont confirmé que l’application est une solution efficace et abordable, offrant le potentiel de révolutionner la façon dont la recherche sur la violence sexuelle est menée, car elle réduit le temps et la participation de professionnels qualifiés normalement nécessaires pour effectuer la recherche.
CAVIA a été un succès retentissant dans les deux communautés d’Afrique du Sud où l’application a été testée, et elle a été cotée comme étant facile à apprendre et à utiliser par les intéressées, dans une proportion de 95 % des participantes interrogées.
Les personnes interrogées ont évalué l’expérience de l’auto-entrevue orale dans un cadre détendu et non intrusif.
L’application CAVIA réduit considérablement le temps et le nombre de professionnels hautement qualifiés normalement requis pour mener la recherche. Elle ouvre la recherche aux personnes qui ne peuvent lire, aux membres des groupes linguistiques minoritaires, aux personnes peu familières avec les ordinateurs, et aux populations rurales sans électricité ni accès à l’Internet, qui sont tous sérieusement non représentées dans les études sur le viol.
AIDS-Free World Canada a l’intention de mener un autre projet pilote avec l’application CAVIA pour mettre à profit les leçons tirées de cette étude.