Ken Simiyu

Le 7 avril est la Journée mondiale de la santé, dont le thème Petites piqûres, grandes menaces met en évidence les maladies à transmission vectorielle. Grands Défis Canada, qui est financé par le gouvernement du Canada, se joint à d’autres organisations mondiales pour commémorer cette journée en mettant en relief ses projets visant à accroître la sensibilisation aux menaces posées par les insectes et arthropodes vecteurs, ainsi que les protozoaires, les bactéries, les virus et les parasites qu’ils transportent, collectivement désignés maladies à transmission vectorielle (MTV).

Les piqûres d’insectes qui sont la cause de maladies comme le paludisme, la dengue, la leishmaniose viscérale, la maladie du sommeil et l’éléphantiasis ont des effets horribles, mais ceux-ci frappent principalement les personnes pauvres et négligées. Afin de marquer cette journée, Grands Défis Canada souhaite sensibiliser le public aux efforts qu’il fait pour enrayer et prévenir les maladies à transmission vectorielle, en particulier celles qui menacent la santé maternelle et infantile, parce que les conséquences de ces piqûres est plus grave sur les mères et les enfants. Dans la plupart des sociétés, les femmes et les enfants sont les personnes les plus vulnérables en raison de la pauvreté. Mis à part le paludisme, les autres maladies à transmission vectorielle sont des maladies tropicales négligées (MTN), appelées ainsi parce qu’elles ne reçoivent généralement que de faibles niveaux de financement pour la recherche et les traitements même si, collectivement, leur impact sur la santé est important.

Grands Défis Canada appuie au total 16 innovations qui visent à relever les défis sur le plan de la santé mondiale posés par les maladies tropicales négligées à transmission vectorielle. Nous avons engagé quelque 2,55 millions $ dans cette cause importante, sous forme de subventions de démarrage, de subventions de déploiement à l’échelle et de partenariats avec d’autres organisations de partout dans le monde.

Maladies Transmises par les Moustiques

De tous les vecteurs qui affectent la santé des mères et des enfants, ce sont les moustiques qui sont les plus grands coupables. Chaque année, des millions de décès sont attribuables aux piqûres de moustiques qui transmettent des maladies protozoaires telles que le paludisme, des virus comme la dengue et les helminthes, y compris les vers filaires. En outre, les piqûres de moustiques sont très irritantes pour la peau. Grands Défis Canada prend au sérieux cette menace posée par les moustiques et appuie ainsi des innovateurs de partout dans le monde travaillant à mettre au point de nouveaux moyens de prévenir, de contrôler et de traiter les infections provenant des moustiques.

La malaria

Selon l’OMS, le paludisme tue plus de 1 million de personnes chaque année. Ses effets dévastateurs sont les plus marqués chez les femmes enceintes, les enfants et les personnes immunocompromises. Vingt-cinq millions de femmes enceintes sont actuellement à risque de contracter le paludisme, qui cause plus de 10 000 décès maternels et 200 000 décès néonatals annuellement. Chez les femmes enceintes, le paludisme peut également provoquer un taux élevé de fausses couches, des décès intra-utérins, des accouchements prématurés, un faible poids à la naissance, des décès néonatals, ainsi qu’un risque plus élevé d’anémie grave et de décès maternels.

Étant donné que le 25 avril est la Journée mondiale du paludisme, nous vous invitons à revisiter ce blogue et à découvrir toutes les innovations axées sur le paludisme ce jour-là.

La dengue

La dengue est la maladie vectorielle qui connaît la propagation la plus rapide à l’échelle mondiale. Cette maladie virale est transmise par des moustiques. Environ la moitié de la population mondiale est maintenant à risque. Une infection de dengue pendant la grossesse comporte un risque d’hémorragie pour la mère et le nouveau-né, ainsi que de naissance prématurée et de mort fœtale.

Contrôle du vecteur

Afin de réduire l’incidence de la dengue, l’OMS préconise une stratégie de lutte contre les moustiques vecteurs ou d’interruption des contacts homme-vecteur. Divers projets appuyés par Grands Défis Canada visent cet objectif.

VBDEnrayer la propagation de la dengue à l’aide d’un piège innovant construit par des écoliers est au cœur des efforts du Government Medical College (Inde). Le piège est fabriqué avec des matériaux mis au rebut et offre le potentiel de prévenir plusieurs autres maladies. Combinant une nouvelle méthode de construction virale et le criblage à haut débit, la Development Agency National Science and Technology (Thaïlande) est à la recherche de nouveaux candidats de vaccins contre la dengue atténués spécifiquement vers une voie immunitaire pertinente à la pathogenèse de la dengue.

Un diagnostic rapide

Un diagnostic rapide de la dengue est important pour les patients et les cliniciens car il permet la gestion précoce de la maladie. Un diagnostic tardif peut entraîner une infection secondaire, souvent sévère. Divers projets appuyés par Grands Défis Canada visent ce but.

L’Université de Victoria travaille à mettre au point un dispositif portable peu coûteux au Brésil pour le diagnostic de la dengue sur le terrain prenant la forme d’une bande de plastique. Ce dispositif permettra le dépistage en temps réel de la maladie. L’Université Padjadjaran (Indonésie) s’emploie à créer un test moléculaire rapide pour la détection précoce de la dengue lors des soins primaires pour s’assurer que les patients reçoivent un suivi approprié. Cet outil permettra aux cliniques sur le terrain de diagnostiquer la dengue rapidement.

La filariose lymphatique (éléphantiasis)

Une autre maladie transmise par les moustiques est la filariose lymphatique, aussi appelée éléphantiasis. Elle frappe principalement les pauvres et les défavorisés; environ 120 millions de personnes dans le monde en souffrent, dont un tiers qui sont défigurées ou affaiblies. Plusieurs des personnes touchées sont des femmes, qui doivent subir l’embarras et l’exclusion sociale. L’OMS vise à éradiquer la filariose lymphatique en tant que problème de santé publique d’ici à 2020. C’est une tâche colossale puisqu’environ 1,4 milliard de personnes vivent dans les zones endémiques. Grands Défis Canada contribue à ces efforts dans le cadre des projets suivants.

En Inde, qui compte le plus grand nombre de cas d’éléphantiasis au monde, Sensoreal Inc. est à mettre au point une micropuce autoalimentée jetable pour le traitement de liquides sous la forme d’un biocapteur au point de traitement visant à accélérer le diagnostic précoce de l’éléphantiasis. La National Institute for Medical Research (Tanzanie) a entrepris des recherches pour lutter contre le vecteur Culex quinquefasciatus de la filariose, en utilisant des biolarvicides et des attractifs d’oviposition à Mafia, en Tanzanie. Dans le cadre de cette recherche, des phéromones seront utilisés pour attirer le Culex quinquefasciatus à déposer ses œufs dans des plans d’eau traités aux biolarvicides en vue de neutraliser le vecteur et d’accélérer l’éradication de la filariose lymphatique.

Maladies Transmises par les Mouches de Sable

Les mouches qui piquent sont également responsables d’un grand nombre de maladies, en particulier dans les régions tropicales. Parmi ces mouches, l’un des transmetteurs les plus communs de la maladie est le phlébotome, qui communique la leishmaniose aux humains par la piqûre d’une femelle infectée.

La leishmaniose (kala-azar)

La leishmaniose touche les plus démunis de la planète et est associée à la malnutrition, aux déplacements de population, aux mauvaises conditions de logement, à un faible système immunitaire et au manque de ressources. Elle se présente principalement sous deux formes; une forme viscérale, appelée kala-azar, qui envahit la rate et, sur une certaine période de temps, entraîne la mort si elle n’est pas traitée, et une forme cutanée, qui se développe en causant une plaie délimitée et souvent défigurante sur la peau. On estime qu’il y a 1,3 million de nouveaux cas et entre 20 000 et 30 000 décès annuellement. Bien que l’incidence de la leishmaniose ne soit pas significativement plus élevée chez les femmes, ses effets sont plus graves car celles-ci sont souvent plus pauvres et ont moins accès aux médicaments. Grands Défis Canada, par le truchement de ses innovateurs, s’efforce de réduire la morbidité et la mortalité dues à la leishmaniose. Ses efforts se concentrent sur un diagnostic précoce et un traitement efficace.

Un diagnostic rapide

Le diagnostic précoce de la leishmaniose permet un traitement rapide. L’Université McGill a plusieurs projets en marche sur la menace que représente la leishmaniose.

Un test non invasif unique pour dépister la leishmaniose viscérale est en cours de conception en vue d’être appliqué au Népal. Ce projet aborde les principales lacunes des solutions diagnostiques courantes et laisse entrevoir un potentiel de déploiement à l’échelle grâce à une plateforme ne nécessitant pas d’électricité. L’Université McGill développe également un test de diagnostic rapide pour l’Inde qui permettrait de détecter la leishmaniose dans le sang, garantissant ainsi que le traitement puisse être offert aux personnes qui en ont besoin. Au Sénégal, des chercheurs s’affairent à mettre au point un autre test de diagnostic rapide abordable, pour la leishmaniose et d’autres maladies infectieuses, à base de fil.

Traitement

Une autre approche novatrice élaborée par l’Université McGill consiste à utiliser un dispositif de tatouage pour cibler l’administration intradermique d’un traitement anti-leishmaniose cutanée, dans le cadre d’un projet en Éthiopie. Le Rajendra Memorial Research Institute of Medical Sciences (Inde) a procédé à un dépistage actif des cas dans la province du Bihar en Inde en ayant recours à des travailleurs sociaux (ASHAS) et en leur fournissant un traitement. Le Bihar abrite le plus grand nombre de cas de leishmaniose à l’échelle mondiale. Les résultats obtenus jusqu’ici sont très prometteurs : plus de 200 ASHAS ont été formés et 38 nouveaux cas ont été identifiés par des ASHAS. Cela représente 38 vies potentiellement sauvées.

Maladie transmise par la mouche tsé-tsé

Les mouches tsé-tsé sont de gros insectes piqueurs vivant dans de vastes régions de l’Afrique subsaharienne et qui sont responsables de la transmission de la maladie du sommeil chez l’homme et de la trypanosomiase animale, aussi appelée nagana, chez les bovins.

La trypanosomiase (maladie du sommeil)

La trypanosomiase, ou maladie du sommeil, ne sévit que dans 36 pays d’Afrique subsaharienne (surtout dans les zones rurales), où l’on retrouve des mouches tsé-tsé qui transmettent la maladie. Le diagnostic et le traitement de cette maladie tropicale négligée est complexe et nécessite un personnel possédant des compétences spécifiques. Grands Défis Canada appuie des innovateurs qui ont choisi de s’attaquer à cette menace.

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Un diagnostic rapide

Dans le cadre d’un autre projet, des innovateurs de l’Université Makerere élaborent un test simple, rapide et précis pour améliorer la proportion de patients atteints de la maladie du sommeil qui sont diagnostiqués, en augmentant ainsi le taux de gestion des cas. Les essais se déroulent dans la République démocratique du Congo et en Ouganda. Le Collège des sciences et technologies de l’Université Meru met au point un test peu coûteux pour la détection de l’acide nucléique qui permettra de dépister rapidement les pathogènes causant la maladie du sommeil en Afrique et la maladie de Chagas en Amérique du Sud, à la fois dans les vecteurs et chez les humains (Argentine, Kenya, Tanzanie, Ouganda).

Le développement de vaccins

L’Université Makerere (Ouganda) a identifié des protéines (à l’aide d’outils d’exploration du génome sur le Web) qui seront évaluées pour établir leur potentiel comme vaccin contre la trypanosomiase par des analyses en laboratoire. Actuellement, il n’existe pas de vaccin contre cette maladie.

Propagation de Maladies par les Escargots

En plus des insectes piqueurs, il existe d’autres vecteurs responsables de la transmission de maladies. Les escargots sont responsables de la transmission de maladies pouvant causer une douleur extrême et entraîner une défiguration et la mort. La maladie la plus commune transmise par les escargots est la schistosomiase, ou bilharziose.

La schistosomiase (bilharziose)

La schistosomiase, ou bilharziose, est une maladie parasitaire qui affecte environ 790 millions de personnes dans le monde, dont la majorité se trouve en Afrique. Elle touche principalement les pauvres, et les femmes et les enfants sont les sujets les plus vulnérables. Les femmes souffrent considérablement de la schistosomiase génitale féminine, qui est une cause d’infertilité, d’accouchement prématuré, d’anémie, de troubles menstruels et de dyspareunie. Grands Défis Canada appuie des innovateurs qui visent à atténuer les effets débilitants de cette maladie par l’éradication de la population d’escargots, le dépistage et un traitement rapide.

Éradication des escargots

Projet-Crevette

Projet-Crevette

L’idée audacieuse d’Espoir pour la Santé (Sénégal) vise à faire obstacle à la schistosomiase en utilisant une combinaison de chimiothérapie et de réinsertion des crevettes d’eau douce indigènes dans les cours d’eau des régions rurales endémiques en Afrique. Ces crevettes sont des prédateurs naturels des escargots aquatiques porteurs de la schistosomiase. Le projet a déjà montré des résultats prometteurs avec une réduction d’environ 80 % des cas de schistosomiase dans la zone de test, résultant en 2 300 vies améliorées et 900 vies touchées. Cela montre le grand potentiel de ce projet en termes d’impact sur la vie.

La détection et le traitement

L’Université Kenyatta (Kenya) propose un nano-immunocapteur portable et rapide utilisant une nouvelle technique pour permettre la détection automatisée et rapide de la bilharziose au point de traitement. Ce dispositif pourrait être distribué dans les régions endémiques du Kenya à des fins de dépistage et de traitement précoces.

Le gouvernement du Canada s’est engagé à améliorer la santé et à sauver la vie de femmes et d’enfants dans les pays en développement, dans le cadre de ce que l’on a appelé l’Initiative de Muskoka en santé maternelle, néonatale et infantile (SMNI). La lutte contre les effets des maladies à transmission vectorielle est cruciale si l’on veut atteindre les objectifs de Muskoka. Grâce à Grands Défis Canada, notre gouvernement montre qu’il est déterminé à améliorer la vie des femmes et des enfants dans les pays en développement grâce à l’innovation.


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