Auteur invité

Dixon Chibanda (Université du Zimbabwe) a reçu une subvention dans le cadre du programme La Santé mentale dans le monde, de Grands Défis Canada, pour son « projet de Banc de l’amitié ». Le programme La Santé mentale dans le monde vise à améliorer les traitements et élargir l’accès aux soins de santé mentale dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.


Lors de la récente réunion de la collectivité de Grands Défis Canada j’ai pu faire connaître les détails et les résultats à l’étape intermédiaire de notre projet de Banc de l’amitié. Cette approche novatrice est utilisée au Zimbabwe depuis un peu plus de 6 ans comme intervention pilote dans trois sites situés juste à l’extérieur du centre-ville de la capitale, Harare. Le Banc de l’amitié est une brève intervention psychologique administrée par les travailleurs de la santé de première ligne pour les troubles mentaux courants. Les travailleurs de la santé de première ligne sont soutenus et guidés par des cadres supérieurs du Département de santé de la ville, de l’Université du Zimbabwe et de cabinets privés dans le cadre d’une approche de transfert ou de partage de tâches, qui s’appuie sur un volet technologique. Ce soutien technologique utilise des tablettes ‘Samsung Galaxy’ qui fournissent une plateforme de communication virtuelle via WhatsApp, messagerie texte, courriel, et audio.

Avec le soutien de Grands Défis Canada (qui est financé par le gouvernement du Canada), le projet a continué de prendre de l’expansion, et l’un des aspects passionnants de cette intervention est la production de Zee-bags. Les mères défavorisées souffrant de dépression et porteuses du VIH ont accès à un forum pour participer à des activités significatives leur permettant de gagner un revenu en tissant des sacs à provisions, des sacs de conférences et des sacs d’ordinateurs portables à partir de sacs en plastique recyclable. Le module Zee-bag du Banc de l’amitié a pu obtenir des contrats pour produire des sacs destinés à des conférences, des ateliers, des écoles et des commerces de détail. Cela procure aux femmes un revenu dont elles ont grand besoin pour soutenir leur famille et acheter des médicaments.

Des participantes du projet Zee-bag

Photo : Des participantes du projet Zee-bag

Dans le projet pilote, le module Zee-bag est connu sous le nom de « circe-kubatana-tose » (CKT), qui signifie littéralement « tenir la main en se soutenant mutuellement dans un cercle ». Les femmes sont invitées à participer à la CKT après avoir terminé 4 à 6 séances de thérapie de résolution de problèmes (TRP), qui est le volet d’intervention principal du projet pilote.

Les agents de santé de première ligne qui ont animé à la fois les composantes TRP et CKT du projet pilote du Banc de l’amitié ont fait état d’une sensibilisation accrue aux questions liées à la santé mentale chez les patients qu’ils traitent. Ces clients souffrent généralement de beaucoup d’autres conditions couramment rencontrées au sein de la collectivité, telles que l’hypertension, le VIH/sida et le diabète.

Une analyse de plus de 500 enregistrements audio de séances du projet de Banc de l’amitié fait ressortir la conclusion préliminaire que l’énumération des problèmes est l’une des composantes les plus puissantes de la thérapie de résolution de problèmes. Les participants qui s’assoient sur le Banc de l’amitié pour recevoir un traitement sont souvent submergés par la dépression et une multitude d’autres problèmes, comme la pauvreté, la violence domestique, le VIH/sida ou le manque d’accès aux services de santé. Notre expérience récente nous apprend que le fait de décrire leurs problèmes est une autre façon pour les participants d’observer et de comprendre les questions de façon générale.

Un agent de santé de première ligne rencontrant sa cliente; les enfants sont toujours les bienvenus <br>car il est important qu’ils voient leurs parents se remettre d’une dépression

Photo : Un agent de santé de première ligne rencontrant sa cliente; les enfants sont toujours les bienvenus car il est important qu’ils voient leurs parents se remettre d’une dépression.

Nous croyons que cette partie de l’intervention est le début de ce qui pourrait être le réengagement du cortex préfrontal dans le processus de résolution de problèmes. La plupart des gens qui sont écrasés par une multitude de problèmes vont se tourner vers la prière et le soutien spirituel comme moyen de passes au travers. Cependant, une approche de résolution de problèmes leur permet de solliciter aussi le cortex préfrontal, un élément essentiel de la résolution de problèmes. Nous sommes heureux et fiers des compétences en résolution de problème que les participants ont acquises à travers ce programme et nous espérons qu’au fur et à mesure que le projet pilote progressera, nous serons en meilleure position pour décrire le fondement scientifique de ce que nous observons chez nos participants.


Cet article a également été publié sur le blogue du Mental Health Innovation Network.

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